Oui mon amour, la vie est douloureuse et la vie est merveilleuse

Au début, il y a une certaine gêne à écouter une correspondance amoureuse.
D’autant plus que cette plongée dans l’intime est rendue encore plus réaliste par la voix du couple d’acteurs dans le format podcast.

Chemin faisant, le style direct des lettres décrit avec beaucoup de justesse les méandres de la relation amoureuse.
Finalement la grâce qui se dégage de ces lettres balaie les doutes de l’intrusion.

Évoquons ici les échanges épistolaires d’Albert Camus et Maria Casares, amoureux devant l’éternel.

En fait en les écoutant, on se dit qu’ils sont dignes de Roméo et Juliette, Tristan et Iseult ou Antoine et Cléopâtre.

Tiens, ma lectrice pleinement woke me fait remarquer que les prénoms d’hommes précèdent toujours les prénoms de femmes dans les couples célèbres.

Au lieu de chercher une solution à ce problème épineux, je vais plutôt me focaliser sur l’état d’émerveillement dans lequel Albert et Maria m’ont laissé.

Le podcast « Les exilés du Soleil » expose la relation amoureuse entretenue entre le célèbre écrivain français et l’actrice espagnole, qui a fait les beaux jours du Théâtre National Populaire de Jean Vilar.

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-les-exiles-du-soleil-correspondance-entre-albert-camus-et-maria-casares

Au cours des 16 ans que dura leur liaison, ils échangèrent des centaines de lettres enflammées.
L’écriture pour pallier l’absence de l’autre.

Ces lettres nous plongent au cœur des sentiments extrêmes et contradictoires, provoqués par une romance contrariée.
Attente fébrile ou joyeuse avant les retrouvailles. Résilience ou anxiété pendant les longues périodes d’éloignement.

Nous vivons une époque où nos échanges écrits sont instantanés mais aussi beaucoup plus limités.

NOUBLI PAL PIN

Pour ma part, je me souviens avec nostalgie des lettres que j’adressais et que je recevais quand j’étais enfant.
Peut-être est-ce le goût sucré des vacances d’été qui enjolive ce souvenir.

En tous cas, la forme épistolaire est pour moi synonyme de sincérité et générosité.

Le feu de la création

Par ailleurs, j’ai été très touché également par la description qu’ils font de leur métier.

Maria décrit toutes les nuances qui permettent d’habiter un personnage interprété au théâtre.

Tandis qu’Albert décrit les affres de la création littéraire.

Il y a certains points communs à l’exercice de ces 2 activités : actrice et écrivain.
Il faut d’abord jouir d’une bonne santé, d’autant plus quand le corps est le principal outil de travail.
L’isolement et la concentration sont aussi utiles aux 2 fonctions.

La persévérance permet de traverser les inévitables périodes de doute.

Alter ego

On pourrait ne voir que la relation si classique entre un maître et sa muse.
Ou une énième variation de l’histoire d’un mari qui trompe sa femme avec une actrice.
Un sujet idéal de dénonciation pour les féministes et les modernes de nos temps actuels tourmentés.

Mais ne restons pas à la surface des choses.

Ce qui me frappe avant tout, c’est plutôt la profonde complicité intellectuelle qui lie ces deux êtres d’exception.

« Nous sommes unis par notre rejet de la laideur et de l’apathie » écrit Maria.
Albert répond qu’il déteste la sottise humaine.

A ce moment, je comprends pourquoi je me sens aussi proche d’eux, de leur sensibilité et de leur vision du monde.

Puisqu’il vaut mieux positiver, reformulons ainsi les termes du combat :

  • Réenchanter le monde par des récits d’une beauté rare
  • Prodiguer le savoir réfléchi et fiable, car l’ignorance est le terreau de la haine et de la bêtise

Les artistes et les enseignants ont un rôle de premier plan à jouer dans le Monde de demain.

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