J’ai tout essayé pour me fuir

Dans la série des grands Hommes qui m’inspirent, je poursuis avec Romain Gary.
Mentionné dans le texte précédent, il a eu une telle influence sur moi, qu’il méritait bien une place à part dans mon Blog.

Je commence ce billet au cœur de la nuit, car il me semble que c’est la meilleure chose à faire. Mieux qu’écouter un énième nouveau podcast.

Parfois les insomnies sont le meilleur allié des écrivains, débutants ou confirmés.

Mais ne le dites pas à ma maman, je ne veux pas qu’elle s’inquiète pour ma santé.

Quand l’auteur se souvint que sa mère faisait partie des 4 lectrices uniques de son blog, son angoisse l’étreignit.

La France libre

Le héros du jour, lui aussi, a commencé à écrire la nuit.
Romain Gary a écrit son premier roman « Éducation européenne », pendant de brefs répits nocturnes.
Le jour, il allait bombarder des positions nazies au sein de la Royal Air Force.
La nuit, il mettait son réveil pour avancer dans la rédaction de son premier livre.
Son supérieur hiérarchique avait peur que le manque de sommeil l’affaiblisse et le fasse perdre le contrôle de son avion.

Romain Gary écrivait frénétiquement, nuit après nuit, avec la rage des condamnés à mort.
Il écrivait avant tout pour réaliser les espoirs que sa mère avait placés en lui.
Il avait peur de ne pas finir son premier roman avant de mourir.

C’était une autre époque.
Un temps où l’on se battait pour une certaine idée de la France.
Ce témoignage en est le meilleur exemple : Les Français Libres, par Romain Gary

J’ai découvert cet auteur, par hasard durant l’été 2017, en dénichant le livre « La vie devant soi » sous une édition originale, chez ma grand-mère.
Je ne connaissais rien de cet auteur Emile Ajar.
Donc je savais encore moins que c’était le pseudonyme de Romain Gary, lui-même pseudonyme de Roman Kacew …

Et là ce fût une vraie claque littéraire.

Je vous livre mes impressions de l’époque.

Mémoires d’un fils de pute.

Voici un exceptionnel hymne à la tolérance envers les prostituées, les vieux, les juifs, les arabes, les africains, les travestites et tous les damnés de la Terre qui se défendent comme ils peuvent, dans le Belleville bariolé des années 70.

Pour mes amis qui n’ont jamais lu un livre ou en lisent si peu parce qu’ils n’ont pas eu la chance d’être initiés à la littérature, je leur propose ce bon choix pour démarrer : La vie devant soi, de Emile Ajar (alias de Romain Gary).

Ce roman est très facile à lire et en même temps développe une puissance de feu hors du commun, que seul le pouvoir des mots rend possible.

Et pour ma part, je rends hommage à ma mère, Juliette Helson, qui m’a a appris à voler sans avoir d’ailes, bref qui m’a ouvert la porte du monde des Livres !

Merci maman.

Le Che Tolosan

Pourquoi ai-je une telle admiration pour Romain Gary ?

  • Pour le courage à défendre son idéal, même (surtout) quand il était minoritaire. Se comporter en Homme et faire les choses justes.
  • Pour la préscience et la justesse de son analyse de l’Homme, bien en avance sur son temps.
  • Pour son refus de l’assignation à résidence identitaire.

Be a Mensch

De nos jours, le mâle n’a plus trop la côte.
Il est vrai qu’on ne trouve plus beaucoup de personnalité de la stature d’un Burt Lancaster dans les actualités.

Alors quand on rencontre un artiste et un homme, dont tout le parcours témoigne de la rectitude, de la hauteur morale et du courage, forcément ça interpelle.

J’ai trouvé une excellente illustration du mec qui assure, chez Billy Wilder dans son film The apartment (la garçonnière 1960) avec le concept du Mensch.

En yiddish, un Mensch est tout simplement un être humain. Mais ce terme s’est vu ensuite associé à des valeurs morales. Un Mensch, c’est l’homme juste, qui sait ce qu’il a à faire pour être à la hauteur de la situation.

Plus d’explications en anglais ici :
https://themenschblog.wordpress.com/2013/12/25/who-is-a-mensch/

Follow the leader

« Les racines du ciel » est un roman de 1956 qui a permis d’obtenir le premier prix Goncourt à Romain Gary.

Il évoque l’extinction des espèces à travers la chasse aux éléphants en Afrique.
Avec le recul, il est considéré comme l’un des premiers romans écologistes (bien avant que ce terme n’existe).

Les pionniers ne suivent pas les effets de mode.
Ils ont simplement une vision juste d’une situation. Et parfois cette vision prend plusieurs années ou plusieurs décennies pour être partagée par le plus grand nombre.

On pourrait aussi mentionner les relations interraciales (je n’aime pas ce mot, mais c’est le plus compréhensible) aux Etats-Unis avec « Chien blanc ».

A l’heure du wokisme, là aussi le témoignage de Romain Gary est inspirant.
Le réalisateur de l’excellent documentaire « Aux origines du « wokisme » – Racisé.e.s : une histoire franco américaine » ne s’y est pas trompé en intégrant le discours de l’écrivain dans son récit.

Si vous avez été victime de racisme, votre premier devoir est de ne pas être raciste.

Romain Gary

Si vous voulez découvrir le personnage, tel qu’il était, brut de fonderie, allez directement à 9’19″ du film

Qui suis-je ?

Romain Gary est avant tout l’auteur de la plus grande entourloupe de l’histoire de la littérature mondiale. Il a inventé en secret un double littéraire, Emile Ajar, qui écrivait la moitié de ses livres incognito.

Delphine Horvilleur en a tiré une pièce de théâtre, récemment éditée en livre « Il n’y a pas de Ajar », monologue contre l’identité.
Au travers de la culture juive, elle éclaire d’un nouveau jour les méandres de son parcours de vie.

Elle m’a permis de rentrer davantage dans ce labyrinthe de l’identité que Romain Gary a construit. Mais je dois avouer que plus j’en sais sur cette supercherie, plus je me sens perdu. Car le billard à cinq bandes auquel il joue a de quoi dérouter le plus tenace des détectives.

Si le cœur vous en dit, perdez-vous également dans ce dédale d’histoires, qui révèle une personnalité d’auteur à nulle autre pareille.

Je n’en retiens qu’une chose, la vie est un éternel recommencement. La liberté humaine est absolue. Chaque jour, nous pouvons choisir où diriger nos pas.

Le meilleur point d’entrée pour ce voyage au long cours se trouve ici :
https://www.radiofrance.fr/radiofrance/podcasts/selection-romain-gary

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