L’hymne à la culture
C’est un fait, nous passons de plus en plus de temps devant des écrans.
Alors quand on a trouvé un media si attachant, qu’on y revient toujours avec plaisir, si intime, qu’il fait presque partie de la famille …
On voudrait le partager avec ses amis.
« So much trouble in the world », Bob Marley avait raison.
Quand on allume la TV, on prend peur avec toutes ces nouvelles angoissantes, qui dessinent un monde si sombre.
Les nouveaux modes de communication, regroupés sous l’appellation ‘Réseaux sociaux’ ne nous aident pas davantage à voir la vie en rose.
En gros, le cyber-espace social (et les algorithmes qui le sous-tendent) se caractérise par :
- La tendance marquée à l’entre soi
- La prime à l’excès, l’outrance, le clash quoi !
Pour ma part, j’adore The Clash, mais uniquement l’original :
C’est le rôle des artistes de sublimer le réel pour lui donner du sens.
Nous avons besoin de passeurs qui nous aident à nous confronter à cette vie si complexe.
Aujourd’hui je veux rendre hommage à ce media si important pour moi, qui m’aide à aborder notre époque contemporaine.
Ce n’est plus l’heure des coups de gueule, c’est l’heure d’un maxi coup de cœur.
Laissez-moi vous conter comment arte m’a aidé à voir la vie en orange depuis des années.
La chaîne franco-allemande est devenue tellement importante pour moi, que je la vois comme ma maison.
J’y suis chez moi.
Un media européen et indépendant
D’abord il y a sa structure et sa gouvernance, unique, binationale : allemande et française, résolument européenne.
Pour un employé d’Airbus, ça parle.
Je ne connais pas d’organisation d’un grand media aussi audacieuse.
En général, les chaînes TV ou les groupes de presse appartiennent à de grands conglomérats internationaux. Souvent leur patron y développe une caisse de résonnance médiatique, pour orchestrer une petite musique favorable à ses affaires ou à sa vision du monde.
Les groupes audiovisuels publics, eux, sont dans une mauvaise passe.
Souvent héritiers des monopoles d’état, canaux historiques de la diffusion radio-télé dans leur pays, ces entreprises sont mises sous pression ou carrément manipulées par le pouvoir politique.
La BBC essuie les assauts constants du pouvoir conservateur depuis plusieurs années.
L’épisode récent autour de Gary Lineker a montré comment l’indépendance de cette maison vénérable peut être fragile face au pouvoir politique.
https://www.politico.eu/article/gary-lineker-saga-exposes-weakness-at-the-heart-of-the-bbc/
En France, l’audiovisuel public est la cible des attaques des gouvernants (de droite surtout).
En 2009, le gouvernement de Nicolas Sarkozy a retiré la publicité sur France Télévision après 20 heures.
En 2022, le gouvernement d’Emmanuel Macron fait disparaitre la redevance télé.
Ce sont directement les sources de financement du service public qui sont fragilisées.
Sous d’autres cieux, la prise en main des médias par des pouvoirs autoritaires ne s’embarrasse pas de détails. Regardez Russia Today par exemple.
En un mot, il est – très – difficile de naviguer dans un media structuré qui ne soit pas sous l’emprise d’une pression politico-financière.
Dans cet environnement difficile du monde médiatique, secoués par de fortes turbulences, la nature même d’arte relève presque du miracle.
Sa vigueur nous prouve qu’un autre monde est possible.
J’aime arte pour son ouverture d’esprit.
J’aime qu’elle bouscule mes certitudes en me présentant des programmes audacieux, des propos argumentés et pas forcément Main stream.
J’aime voyager et être dépaysé, notamment quand je regardes des fictions.
J’aime m’instruire tout en me laissant raconter une histoire (le summum du documentaire).
Petit florilège
Le dessous des cartes, l’émission qu’on ne présente plus, est un moyen ludique pour comprendre la géopolitique :
https://www.arte.tv/fr/videos/RC-014036/le-dessous-des-cartes/
Les idées larges, une émission ambitieuse qui nous aide à décentrer notre regard à travers le propos de spécialistes qui nous aide à penser autrement que par des idées préconçues :
https://www.arte.tv/fr/videos/RC-022076/les-idees-larges/
Documentaire ‘Le jeûne, une nouvelle thérapie’ : j’y ai appris beaucoup de choses, que je ne pouvais que pressentir intuitivement, sur le besoin de moins manger :
La série ‘Le monde de demain’ : Suprême NTM, Assassin, Dee-Nasty, le monde de mon adolescence est réhabilité avec panache :
https://boutique.arte.tv/detail/le-monde-de-demain
Documentaire ‘Histoire de l’antisémitisme’ : Une somme incroyable de connaissances historiques qui démonte les mécanismes des préjugés de masse :
https://boutique.arte.tv/detail/histoire-de-l-antisemitisme
‘Saint Jack’ : Singapour, sous un jour pas glamour. En d’autres termes, avant la modernité. Un très beau film de Peter Bogdanovitch :
https://www.arte.tv/sites/olivierpere/2019/06/02/jack-le-magnifique-de-peter-bogdanovich/
Il serait impossible de résumer tous les moments importants que j’ai vécu sur cette chaîne.
Je me souviens de Citizen Kane, que je visionnai peu avant l’an 2000.
J’étais étudiant en cinéma et j’avais entendu que c’était un film majeur, à voir, à ressentir dans tout son corps …
Je n’y comprenais rien et à l’époque je me demandais si cette chaîne culturelle me voulait du bien.
Ou alors si c’était un espace réservé aux intellos où je n’avais rien à faire.
Avec le temps, je me suis acculturé.
Comme un jardin potager, il faut entretenir sa curiosité avec attention et persévérance.
Retour en enfance
C’est finalement un certain vendredi soir, il n’y a pas très longtemps, que j’ai eu le déclic qui a conduit à l’écriture de cet article.
J’ai eu droit à ma madeleine de Proust.
D’autant plus savoureuse, qu’inattendue.
Mon tout premier souvenir de musique est lié à James Bond.
La Bande Originale de « Tuer n’est pas jouer » (The living daylights) m’avait tellement marqué, que j’ai voulu obtenir le single.
J’étais en vacances chez mes grand parents béarnais.
Je me souviens avoir eu à batailler pour convaincre mon grand-père d’acheter le disque.
Le bon sens paysan voyait là une dépense superflue.Quelle joie pour le gamin de 9 ans d’avoir enfin son premier 45 tours entre les mains !
Je regardai les beaux gosses sur la couverture en rêvant d’être une pop star, un jour moi aussi.
Alors imaginez mon excitation en apprenant que ma chaîne préférée allait diffuser un documentaire sur A-HA.
https://www.arte.tv/fr/videos/080527-000-A/a-ha-the-movie/
C’est un excellent documentaire, très adulte pour le coup.
On plonge au cœur de la création musicale d’un immense groupe pop toujours actif.
Sur une période de 50 ans, nous suivons le parcours de 3 animaux à sang froid qui ont traversé ensemble tout ce que la vie peut offrir de grandiose.
Inutile d’essayer de décrire ça avec des mots.
C’est simplement un documentaire musical qui montre que la vie c’est pas facile, mais que ça vaut toujours le coup de se battre.
C’est aussi une magnifique démonstration de l’impact du travail collectif et de la discipline qu’il requiert.
Dans ces moments-là, je me dis qu’il vaut mieux être acteur de sa vie, plutôt que commentateur de celle des autres.
Mais quoi de plus fort pour un programme TV que de donner le goût de la vie et l’envie de croquer le monde à pleine dents ?
C’est une soirée de plus sur arte.
Cette chaîne qui met du baume au cœur, des idées dans la tête et des étoiles dans les yeux.
