One of these mornings you’re gonna rise up singing
Yes, you’ll spread your wings and you’ll take to the sky

Le week-end dernier je suis retourné au cinéma après plus de 11 mois d’interruption. C’était assez surprenant comme ambiance. Une joie contenue, du recueillement, les gens chuchotaient. Je me croyais dans une cathédrale.

J’ai lu quelque part que les salles de cinéma pouvaient être assimilées aux temples modernes de notre société sécularisée. Je trouve la métaphore assez juste.

Tours Gloria

Pour ma part je crois en Dieu et je crois aussi dans cette part d’absolu que véhiculent les films.
Quelle plus belle trace de l’humanité qu’un Grand film ?

Heureusement on ne s’est pas loupés avec mon pote Albert Dupontel et son dernier film « Adieu les cons ».
Ça aurait été frustrant de se cogner un navet après une si longue absence !

Humour grinçant, personnages barrés, dénonciation implacable d’une société sans âme. On est bien chez Dupontel, pas d’erreur.

Il y a une certaine ironie à voir ce pur rebelle devenu officiel, à travers les nombreuses récompenses de ses films et l’adoubement de la profession. Mais c’est tant mieux, le cinéma ne peut pas être un art tiède.

Je pensais faire tout un article sur le film. Je l’aurai titré « Bonjour les copains ». On aurait parlé du plaisir de se réunir de nouveau, la force du cô-llectif, le besoin de laisser nos conneries de côté après tout ce temps passé dans le formol … etc.

Albert wondering

Pour être honnête, je pense – comme tout le monde – être plus en position d’attente que vraiment en situation de célébrer le retour à la liberté.
La vie normale n’est pas encore pour tout de suite, on est d’accord ?
Nous sommes plutôt dans l’antichambre du bonheur retrouvé.

On compte les jours.
Qui nous séparent de notre prochaine dose de vaccin.
Et le temps semble un peu suspendu dans cet entre-deux incertain.

Alors voilà, en fait nous n’en sommes qu’aux prémices de la 2ème partie de notre vie.
Car la vie d’après sera différente, n’est-ce pas ?

Travaillant dans l’aéronautique, je suis particulièrement conditionné à penser le changement d’époque.
Je suis très fier de travailler dans le fleuron de l’industrie européenne : Airbus.
Se préparer dès maintenant à fabriquer l’avion Zero carbone de demain, c’est une responsabilité immense.

(auto-massage en cours)
Je sens que j’étais sur le point de m’emballer.
Il n’en manquait pas beaucoup pour partir dans un discours polémique.
Opposer des gens qui manifestent et dénoncent l’état du monde d’aujourd’hui avec ceux qui travaillent à inventer celui de demain…
A quoi bon ?
Ce n’est pas ça le problème.
Je vais me détendre et je vais donc éviter de suivre la piste des airs, car cela me détournerait du droit chemin.

Dans l’œil du cyclone

L’idée initiale de ce blog était de réfléchir à la période qu’on appelle la mi-temps.
On dit aussi mitan en vieux français, j’aime bien cette forme du mot.

Ce concept résonne particulièrement en moi depuis quelques temps car je suis statistiquement au milieu de ma vie.

Disons que la crise du Covid-19 est un peu une mise en abyme de la mid-life crisis que traverse nombre de quadragénaires.

– Mais pourquoi veut-il toujours faire le malin avec ses expressions compliquées ? On comprend rien à ce qu’il dit !

 – C’est rien, c’est juste un complexe d’infériorité fréquent chez les informaticiens. Il fait ce qu’il peut pour se donner une allure de littéraire.
 En gros, il veut dire que la pandémie actuelle et toutes les questions qu’elle charrie sont comme un concentré de l’angoisse ressentie au milieu de la vie.

 – Eh tu parles comme lui maintenant !

 – Merde c’est contagieux alors !

Oui l’âge de 43 ans peut être violent.

C’est un âge où on tire les premiers bilans d’une vie.
Rien que l’expression est dégueulasse, comme si la vie humaine s’apparentait aux comptes financiers d’une entreprise.
C’est pourtant une réalité, tout le monde vous jugera à votre « situation » à cet âge-là.
Et il faut bien avouer que quand on n’est pas sur les rails de la vie professionnelle à 40 ans passés, ça devient compliqué de se raccrocher aux branches.

C’est un âge où les femmes qui n’ont pas eu d’enfant et en voulaient, commencent à perdre espoir.

C’est un âge où l’on a dû dire adieu aux êtres aimés trop tôt disparus.

Et c’est aussi un âge où il faut assurer au travail et en famille quand on a la chance d’avoir des enfants ou encore ses parents.

En un mot, ce n’est pas le moment de faiblir.

Après avoir investi en nous, pendant de si longues années d’études, la Société attend son retour sur investissement.

Heureusement toute difficulté, aussi éprouvante soit-elle, présente aussi en miroir la beauté de la vie.

Par exemple, s’il est vrai que c’est parfois fatigant d’assumer cette responsabilité parentale que nous portons au quotidien. Il faut avouer qu’il n’y a pas de plaisir plus intense qu’un moment complice partagé avec son enfant.
Je vis cette période sacrée entre toutes où mes gamins commencent à déployer leurs ailes et à voleter sur le chemin de l’autonomie.

voleter

verbe intransitif
Littéraire
Voler çà et là, légèrement, comme en flottant au gré de l’air

Robert

Bien sûr, il est long le chemin de l’autonomie chez les Hommes. Nous sommes certainement l’espèce animale la plus longue à arriver à maturité dans ce monde si complexe.

Le mitan c’est un peu comme si tu étais arrivé à la moitié d’une série exceptionnelle.

Toute la première partie t’a plu, elle t’a tellement happé que tu n’as pas vu le temps passer pendant les longues nuits de visionnage.

Et là tu te demandes comment seras la suite et tu es impatient.

Introspection

Une autre réflexion qui me vient à l’esprit quand je songe à la moitié de la vie, c’est notre capacité d’adaptation aux évènements, notre plasticité, notre aptitude à la remise en cause et à la transformation – ou pas.

Les arts martiaux et la médecine traditionnelle chinoise évoquent la circulation du Tchi, le souffle vital en nous. C’est l’une des plus belles images que je connaisse pour parler de la bonne santé de quelqu’un.

La vie est mouvement permanent.
Nos cellules se renouvellent sans cesse.

Au-delà du circuit sanguin, lymphatique, nerveux, il y a plus globalement la nécessité de faire circuler le flux d’Energie dans notre corps.

Tout comme le corps qui perd de la souplesse avec l’âge, notre ouverture d’esprit souvent se flétrit avec le temps.

De la même façon que l’on fait du stretching, pour l’aspect mécanique de notre santé.
Il faudrait faire au quotidien des exercices d’autodérision et de prise de recul face à nos certitudes.

J’espère avoir encore un long parcours sur Terre, bien qu’on ne sait pas de quoi demain sera fait.

Coucher ces pensées sur le papier du XXIe siècle me sert à laisser une trace.
Voilà ce que je voudrais dire à mes gamins (s’ils prenaient la peine de m’écouter les salopiauds !)

– Oh non papa, pas encore de la morale !

Soyez humbles et compatissants avec les faibles ou ceux qui n’ont pas eu la chance que vous avez.

Soyez fermes et ne vous écrasez jamais devant les puissants.

Après réflexion, exprimez votre opinion, sans autocensure, sans crainte d’une prétendue hiérarchie intellectuelle contre vous.

N’ayez pas peur.
Et si vous avez peur, affrontez ce sentiment aussi vieux que l’humanité, dépassez-le pour voir ce qu’il y a de l’autre côté de la colline.

Toutes les expériences sont bonnes à vivre.

Apprenez de vos erreurs. Il faut tomber pour apprendre à marcher.

Il n’y a que ceux qui ne font rien, qui ne se trompent jamais.
Soyez du côté de ceux qui se trompent.

Il faut savoir se débrouiller dans cette vie. A onze ans, on doit pouvoir se faire à manger et être un minimum autonome.
Si l’indépendance est très précieuse, pourtant c’est à travers les rencontres avec les autres que vous goûterez pleinement le sel de la vie.

Soyez curieux, passionnés, assidus, déterminés, gais, nocturnes, diurnes, attentifs, rêveurs, entiers.

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