Éloquence et Connaissance sont sur un bateau

Le rôle des écrivains – et plus largement des artistes – est essentiel.
Les histoires racontées participent à la connaissance et au développement des sociétés humaines.
Pour le dire autrement, le récit de nos vies permet d’établir la vérité et d’atteindre la justice sociale.
Sous nos cieux, je songe à Emile Zola par exemple.

Pourtant leur contribution est souvent négligée, leur mission brouillée, dans nos temps actuels, placés sous le signe de la cacophonie médiatique.

Depuis 35 ans, un écrivain symbolise au plus haut point l’importance de la liberté d’expression : Salman Rushdie.

Salman Rushdie, le pirate

D’habitude je n’aime pas du tout quand les gens parlent sans savoir.
Ça m’horripile.

Est-ce que vous le voyez ce type bavard qui veut toujours être au centre de l’attention ?
Il vous parle pendant 10 minutes d’un film avec tellement de passion, que ça en devient intimidant. Vous auriez tendance à rallier son opinion, rien que pour son emphase.

L’illusion disparait quand vous vous rendez-compte qu’il n’a même pas vu le film dont il parle.

C’est vrai, à quoi bon voir un film pour en donner son avis ?
C’est essentiel, c’est tout ! Sinon on ne fait que brasser le vent des idées préconçues !

Comme je n’ai pas peur de la contradiction, je vais vous parler aujourd’hui d’un écrivain dont je n’ai lu aucun livre …

Pourtant il existe certaines personnalités qui vous happent d’emblée et ne vous relâchent plus.
Contrairement aux beaux parleurs qui ne peuvent vous toucher qu’à la surface des eaux de la grandiloquence, les grands esprits savent également plonger dans les profondeurs de l’argumentation.

Quelqu’un doit dire la vérité

Il y a bien longtemps, Aristote (le super héros des philosophes) a défini les 3 dimensions du discours qui vise à persuader :

  • Logos – Faire appel à la logique
  • Pathos – Faire appel aux émotions
  • Ethos – Faire appel à l’éthique, la morale et le caractère

Salman Rushdie est de cette trempe.
Il parle à tous les étages de mon être.

J’ai pu le constater à l’écoute des 5 épisodes d’à voix nue, consacrés à l’auteur des Enfants de minuit.

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-les-cinq-vies-de-salman-rushdie

L’enjeu est d’écrire de meilleures fictions que les autres.
Nous sommes engagés dans une guerre mondiale entre les récits.
Une guerre entre des versions incompatibles de la réalité.
Et nous devons apprendre à y faire face.

Salman Rushdie

A l’heure de la post-vérité (cf. le lexique des décodeurs), le discernement devient une qualité en Or.

J’ai le sentiment d’avoir trouvé un guide très puissant.
Comme tous les auteurs de blog, aussi modestes soient-ils, j’aspire à trouver et écrire ma vérité.
Je n’ose pas dire LA vérité car je suis encore en période d’apprentissage, je n’ai pas encore mon diplôme de Blogger officiel.

Malgré la différence d’ambition évidente entre un blog et un roman, il s’agit bien de la même démarche.
Ecrire permet d’atteindre une meilleure connaissance de soi afin de développer une meilleure connaissance du monde.

Cheminer vers la vérité requiert de l’exigence et de la persévérance.

Ecrire contre la bêtise humaine

Dans son dernier livre, Salman Rushdie raconte l’attaque au couteau dont il a été victime il y a 2 ans et qui a failli lui coûté la vie. Au cours de sa longue convalescence, il lui est apparu évident qu’il devait écrire sur ce sujet et cet évènement.

Un jeune homme, qui ne connaissait presque rien de lui, a essayé de le tuer en raison de la fatwa contre l’écrivain, édictée avant même qu’il soit né …

L’écrivain comprend alors que sa seule arme pour se défendre symboliquement est d’écrire un livre.

Le langage était un couteau, capable d’ouvrir le monde, d’en révéler le sens, les mécanismes internes, les secrets, les vérités.
Il pouvait trancher dans une réalité pour passer dans une autre.
Il pouvait dénoncer la bêtise, ouvrir les yeux des gens, créer de la beauté.
Le langage était mon couteau.

Salman Rushdie, Le couteau

Comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, j’ai réservé « Les enfants de minuit » à la médiathèque.

Je vais enfin lire mon 1er livre de Salman Rushdie. Il était temps.

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