Love is the morning and the evening star
J’ai le sentiment d’avoir vu le plus beau film de ma vie aujourd’hui.
Comme tout le monde, j’ai des hauts et des bas.
En temps de pandémie, c’est encore plus difficile de conserver la sérénité.
Mais le meilleur antidote à la morosité pour moi ce sont les Films.
Ce n’est pas pour faire le malin… (si un peu quand même) mais au rayon Cinéma, je considère avoir déjà vu pas mal de chefs d’œuvre.
Le 7ème art a cet avantage qu’il est encore jeune par rapport aux autres formes artistiques.
125 ans se sont écoulés depuis la première représentation publique des frères Lumière à Paris.
Quand on est motivé, et que l’on met de côté l’immense majorité des bouses qui ont malgré tout réussi à trouver un producteur et le chemin des salles obscures, il paraît presque possible de pouvoir visualiser tous les plus grands films jamais réalisés.
A l’heure du surplus à tous les étages, ça fait du bien de voir un GRAND film.
Nous vivons une époque où les chaînes d’information en continu déversent leur pitance à tous ces affamés « d’actualités », des informations aussi vite digérées qu’oubliées.
Une époque où des millions de livres édités finissent chaque année au pilon.
Bref même dans le domaine intellectuel, on ne sait plus où donner de la tête.
L’offre est tellement abondante qu’on ne peut plus suivre. On ne peut plus prétendre tout connaître, impossible.
Pour ma part, j’ai fait un choix très simple.
Je me contenterai du meilleur.
Pourquoi perdre son temps à regarder des films de 3e catégorie alors qu’une rétrospective de Burt Lancaster est diffusée sur OCS ?
Elmer Gantry le charlatan a été réalisé en 1960 par Richard Brooks.
Les historiens du cinéma considèrent cette période comme la fin de l’âge d’or d’Hollywood et des studios.
Comme tous les bons films, celui-ci nous rappelle à quel point le cinéma est LE sport collectif par excellence.
C’est bien simple tout est parfait. On retrouve ici l’excellence américaine pour fabriquer des films.
L’histoire nous entraîne dans le sillage d’une troupe d’évangélistes ambulants dans l’Amérique des années 1930.
Ça aurait pu être une troupe de théâtre qui amène le divertissement à des péquenauds ruraux.
Non c’est une autre forme de show business, qui prétend racheter votre âme damnée.
Le scénario brillamment écrit à partir du roman de Sinclair Lewis brasse toute la beauté et l’horreur de l’humanité à travers de nombreux thèmes avec entre autres :
- L’hypocrisie d’une religion dévoyée par l’argent,
- l’art de séduire les foules,
- ou juste une femme,
- la faiblesse de la chair,
- le pouvoir émancipateur de la presse (c’était avant BFM TV),
- et la petite ligne qui sépare
- l’amour de la haine,
- l’admiration du mépris,
- le succès de l’échec
- …
A chaque minute, nous sommes scotchés devant ce film en attendant fiévreusement la suite, que va-t-il se passer ?
Cette belle métaphore nord-américaine nous rappelle à quel point tout est possible au pays de l’oncle Sam.
Le personnage principal déploie des trésors de détermination et de génie diabolique pour se sortir de sa condition misérable.
Après de nombreuses épreuves, il atteint enfin la gloire … puis chute de son piédestal … puis renait de ses cendres …
Du cinéma Bigger than Life, rythmé, intelligent et sublime.
Une petite leçon de mise en scène permettra de montrer aussi les talents du Director de ce film.
(oui je me prends même pour un professeur d’analyse filmique, je m’en fous je suis chez moi, je fais ce que je veux)
L’ancienne petite amie du héros est devenue prostituée après qu’il l’ait lâchement trahie et humiliée, il y a des années de cela.
Entre temps, lui l’alcoolique et coureur de jupons patenté, s’est refait une nouvelle identité en devenant le pasteur évangélique qui déplace les foules.
Pour asseoir son crédit – dans cette Amérique puritaine de la prohibition, Elmer Gantry lance une razzia collective contre les bars clandestins et les bordels de la ville.
Il tombe alors sur son ancienne fiancée. Pour éviter d’être confondu, il demande discrètement à la police de faire évacuer de la ville tout ce groupe de prostituées.
Celle-ci pour se venger l’invite le lendemain dans sa chambre. Un photographe caché sur le balcon doit prendre un cliché de la pute et du faux prêtre dans ses bras, pour le démasquer.
Une superbe scène de manipulation / séduction commence.
La fille déteste l’hypocrisie d’Elmer Gantry mais elle a encore des sentiments pour lui et hésite à le piéger, on le sent.
Sans rien dire, elle éteint simplement la lumière de la chambre, alors qu’il la prend dans ses bras.
Le photographe ne pourra plus prendre de cliché dans l’obscurité.
Par ce geste tout simple, mais purement cinématographique, le réalisateur illustre le combat intérieur de la jeune femme entre son amour perdu et l’envie de se venger.
Le cinéma est le plus complet de tous les arts, le plus complexe aussi et le plus beau.
https://www.dvdclassik.com/critique/elmer-gantry-le-charlatan-brooks
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